Roman de fantasy sanglant, qui écartèle l'imagination de ses lecteurs et ne laisse aucune place à une douce rêverie, Le Dieu Oiseau vous plonge dans l'histoire pleine de force et de résilience de Faolan.
Lectures d'Isis, acte I :
Comme vous pouvez le constater, je n'ai pas l'air particulièrement heureuse de cette découverte. C'est normal ! Aurélie Wellenstein met en place un univers impossible à reproduire : j'aurais adoré instaurer une compétition entre plusieurs clans pour voir les humains s’entre-déchirer. Mais hélas, ce n'est pas reproductible.
Il n'empêche que j'ai tout de même apprécié ce roman fleurant bon les vikings et la sueur ; eux, au moins, ce ne sont pas des tapettes comme mes humains. Et que je t'arrache le cœur, et que je t'arrache le...
Bon, avec tout ça, mon plan de conquête du monde n'avance pas beaucoup. Mais ça m'a tout de même donné quelques idées, ne vous méprenez pas. Je ferai payer à mon humaine toutes ces fois où je réclame à manger et qu'elle ne me donne rien, soi-disant que je suis trop grosse. Quelle honte !
Mais je divague. Passons plutôt à la chronique en elle-même.
Fiche d'identité
Titre : Le Dieu-oiseau
Auteur : Aurélie Wellenstein
Éditeur : Scrineo
Date de parution : 15 mars 2018
Nombre de pages : 352
Genre : Fantasy
Prix : 16,90 €
Résumé : Une île. Dix clans. Tous les dix ans, une compétition détermine quel clan va dominer l'île pour la décennie à venir. Les perdants subiront la tradition du « banquet » : une journée d'orgie où les vainqueurs peuvent réduire en esclavage, tuer, violer, et même dévorer leurs adversaires. Il y a dix ans, Faolan, fils du chef de clan déchu, a assisté au massacre de sa famille. Sauvé par le fils du chef victorieux, Torok, il est depuis lors son esclave et doit subir ses fantaisies perverses. Sa seule perspective d'avenir est de participer à la compétition de « l'homme-oiseau », afin de renverser l'équilibre des pouvoirs en place et de se venger. Qui du maître ou de l'esclave va remporter la bataille ? Quel enjeu pour les habitants de l'île ? Quel est le prix à payer pour la victoire ?
Une violence spectaculaire
Une île. Dix clans. Tous les dix ans, une compétition détermine quel clan va dominer l'île pour la décennie à venir. Les perdants subiront la tradition du "banquet" : une journée d'orgie où les vainqueurs peuvent réduire en esclavage, tuer, violer, et même dévorer leurs adversaires.
Bon, comme je l'avais déjà évoqué, ce n'est pas vraiment une promenade de santé pour le personnage principal, Faolan. Il fait partie des perdants et a assisté au massacre de sa famille ; bien décidé à prendre sa revanche sur cette folie et surtout sur Torok, le fils du chef victorieux (qui l'a réduit en esclavage, ce qui, ma foi, est une pratique comme une autre), il décide de se présenter à la prochaine compétition dans l'objectif tout à fait modeste de la remporter et de se venger. La question demeurant : va-t-il à nouveau plonger l'île dans le feu et le sang, ou va-t-il en décider autrement ?
Les 100 premières pages sont consacrées à l'introduction du personnage de Faolan et à sa relation avec Torok, le fameux gai luron. On découvre une partie de son quotidien et des humiliations qu'il subit sans pouvoir protester, mais également les autres esclaves qui lui déconseillent de participer à cette folie et de s'infliger plus de souffrances que son maître ne lui en fait déjà subir. Ce qui est, en outre, un conseil plutôt avisé.
Il décide pourtant d'y participer, envers et contre tous, et surtout contre Torok qui va tout faire pour l'en empêcher.
Par ailleurs, la violence est l'une des clés de ce roman et je déconseille à quiconque n'a pas le cœur bien accroché de s'y plonger négligemment ; il s'agit d'un récit empreint de souffrances et de violence crues, dont le nœud est tout simplement la façon dont Faolan décidera de porter son fardeau. Malgré l'enchaînement des péripéties plutôt prenant, il se dessine surtout en ombres chinoises l'histoire d'un jeune homme traumatisé qui tente tant bien que mal de surmonter ses angoisses et ses souvenirs.
Un personnage inspirant
À ce titre, Faolan est un personnage pour qui on a de l'empathie ; ce qui est un très bon point lorsque l'on se retrouve plongé dans un récit fictionnel où l'intrigue est étroitement liée à la psychologie du personnage. L'autrice parvient à nous emberlificoter dans l'esprit du protagoniste et à effacer lentement les limites de la réalité du récit et celles de l'esprit délirant et aux abois de Faolan. Cette partie est en tout cas totalement maîtrisée et finement écrite, c'était un réel plaisir de se torturer l'esprit pour démêler le vrai du faux et les actions ultérieures du personnage principal.
Les réflexions qui parsèment le récit sur la volonté divine (et, en filigrane, son existence) et sur celle d'un homme en quête de vengeance et d'un ailleurs meilleur s'entrelacent aux aventures chaotiques de l'ancien esclave, avec toutefois une légère faiblesse de rythme à certains moments.
Parallèlement, l'univers n'est pas détaillé outre mesure mais il s'impose facilement à l'esprit du lecteur : on imagine assez bien l'ambiance pesante, les îles et les personnages aux allures de vikings mais également la faune et la flore relativement originale (et particulièrement dangereuse).
De manière générale, les idées et le récit sont réussis mais un goût d'inachevé a parfois altéré mon plaisir lors de cette lecture ; les réflexions sont intéressantes, tout comme la décision finale de Faolan, mais on demeure tout de même hermétique à leur essence et à ce qui les a construit au fil de l'histoire. Ce qui est dommage, car ce dernier point était le petit plus de ce roman.
En résumé
Un très bon récit fictionnel sur la résilience et le syndrome de stress post-traumatique sur fond de réflexions métaphysiques et théologiques. Toutefois, le roman (probablement trop court pour cela) manque de profondeur à certains endroits et l'on aurait apprécié un approfondissement délicat de certains thèmes et de la psychologie de Faolan. Cela demeure tout de même une lecture très marquante.
Je lui attribue un sympathique 3,75/5.
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